URUGUAY – A Cuchilla Alta, à 70 km de la Capitale Montevideo, réside Nadia. Paysagiste passionnée par les plantes natives et la construction écologique, elle se lance dans un combat pour protéger un site qui regorge d’espèces endémiques et de vestiges archéologiques.
Lorsque j’ai contacté Nadia, grâce au site internet Couchsurfing, rien sur son profil ne laissait penser qu’elle vivait à 100 mètres de la mer, au milieu d’un jardin luxuriant que ses voisins appellent « la selva », la jungle. Autour de sa petite maison jaune, poussent pourtant des dizaines de plantes endémiques, des arbres, des légumes et des fruits natifs de cette zone côtière d’Uruguay.
A droite de la maison, des toilettes sèches construites en terre. A gauche, Nadia s’est lancée dans l’éco-construction d’un atelier. Un vrai chantier. « J’essaie de travailler en harmonie avec l’environnement et de ne pas vivre et construire sans regarder autour de moi », m’explique la trentenaire.
J’ai à peine poussé la grille que je sens déjà que je vais me plaire au milieu de cette petite jungle.
Paysagiste, étudiante et enseignante à l’université de Maldonado, Nadia vit ici depuis 11 ans. « J’adore ce lieu. J’aime être réveillée par les oiseaux le matin et contempler la mer tous les jours. Cela me remplie d’énergie », me confie t-elle sans cesser de sourire. Oui, Nadia est comme ça, elle sourit tout le temps.
A ses côtés, je prends le temps de vivre. En fin de journée, nous partageons le maté en marchant sur la plage. Nos conversations passionnantes se poursuivent le soir, au coin du feu, autour d’un bon vin chilien. Environnement, constructions illégales, glyphosate … mon espagnol est encore approximatif mais Nadia prend le temps de m’expliquer quand je ne comprends pas.
« Je m’intéresse à la nature depuis toujours, mais je pense que vivre ici renforce mes convictions. Chaque jour, j’essaie de vivre de manière plus naturelle, plus proche de la terre car nous faisons partie de la nature ». Pour cela, Nadia s’est formée à la bioconstruction et cultive des plantes endémiques et des légumes en les associant pour qu’ils se protègent. (Ah mais on a déjà vu ça chez Miguel, non ??) Car selon elle, la base du bien être est une alimentation saine à laquelle nous avons tous droit.
Dimanche 16 octobre,
Le soleil brille. Nous nous réveillons tranquillement et buvons le maté sur la terrasse. Nadia partage des semences bio de sa production avec une voisine. Aujourd’hui, elle souhaite me montrer un endroit qu’elle veut protéger contre une construction qu’elle estime illégale.
Nous marchons le long de la plage, remontons le fleuve et nous enfonçons dans la forêt. Des centaines d’oiseaux chantent. L’instant est magique. Cet endroit magnifique regorge d’espèces végétales endémiques dont certaines n’existent qu’ici. Nadia les connaît presque toutes et prend le temps de m’expliquer leur origine et leurs vertus. A côté poussent aussi des espèces invasives comme les pins et les eucalyptus.
Malheureusement, cet endroit est menacé. Un particulier a en effet acheté ce terrain, propriété d’une banque, pour y construire un complexe touristique. La route pour y accéder a déjà été réalisée et nous voyons bien les dégâts que cela a occasionné dans la forêt.
Selon Nadia, cette construction enfreint une loi qui vise à protéger l’environnement et les espèces natives. «Il y a aussi de nombreux vestiges archéologiques qui datent de 2.500 ans avant Jésus-Christ. C’est un patrimoine culturel que nous devons protéger ». C’est pourquoi Nadia souhaite empêcher la construction du complexe touristique. Elle prend donc des photos des espèces natives afin de monter un dossier complet. Prochaine étape : mobiliser les voisins mais aussi des associations de défenses de l’environnement et des chercheurs.
Sur le chemin du retour, nous sommes accompagnées par le bourdonnement des abeilles et le chant des oiseaux. La plage est illuminée par cette lumière magnifique de fin de journée que les photographes appellent « l’heure de l’or ».
La Terre Mère nous donne tout“.
Finalement, je suis restée plus d’une semaine chez Nadia. Je pense que l’on peut dire que nous sommes devenues amies. Elle a apporté sa petite pierre à l’édifice qu’est cette réflexion dans laquelle je me suis engagée.
Son rêve ? « Voyager ! Continuer de voyager », lance-t-elle sans hésiter. « J’aimerai aussi que les gens prennent conscience que nous devons nous reconnecter avec la nature et que chaque lopin de terre doit être protégé, car la Terre Mère nous donne tout. C’est notre richesse ».
– Et tu penses ces deux rêves sont compatibles ?
« Oui ! Oui ! Oui ! Voyager permet de découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles cultures et d’apprendre énormément. En voyageant en Amérique du Sud, j’ai découvert les cultures indigènes et appris beaucoup sur le travail de la terre et sur ce lien fort qui nous uni à la nature. » ça tombe bien, c’est pour cela que je me suis lancée dans cette aventure !
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