Avec toutes les précautions qui s’imposent, le stop est un excellent moyen de rencontrer de chouettes personnes, d’en apprendre plus sur le pays que l’on traverse et de vivre des aventures extraordinaires. En voici quelques unes, vécues au Mexique.

Episode 1 : Julian, Carlos et l’équipe olympique de marche rapide / Nevado Toluca – 14 décembre 2017

Le Nevado Toluca, tu peux le rejoindre avec une agence, prendre une petite photo et zou. MAIS TU PEUX AUSSI VIVRE UNE AVENTURE : Prendre un bus qui te laisse au milieu de la montagne. Faire du stop et parcourir les 20 km restants dans la camionnette de la SÉLECTION NATIONALE DE MARCHE RAPIDE DU MEXIQUE, pendant que les athlètes grimpent à pieds pour faire le plein de globules rouges. Dans l’équipe, il y a notamment Maria-Guadalupe alias Lupita, médaillée olympique. Julian, l’un des entraîneurs avec qui j’ai grimpé jusqu’à un pic à 4331 m avec une vue à 360°.

Et Carlos, 17 ans, plusieurs fois champion dans la catégorie – de 18 ans, l’un des espoirs de la marche rapide au Mexique. Carlos le sport il a ça dans le sang, sans doute parce que son papa a été vice-champion olympique à Barcelone dans les années 90. Il a peur de rien et du coup il a déjà plusieurs fractures. Mais ça l’empêche pas de continuer. Ses prochaines échéances? Des compétitions mondiales en Chine et en Finlande. “Encore faut-il que je sois sélectionné” dit-il humblement. “Euh mec… t’es dans les 5 meilleurs de ton pays!” “Oui mais faut pas être trop sûr de soi, sinon on peut se planter! “. On a rigolé : “bon bah on se voit aux JO à Paris en 2024!”

Vue à 360° depuis le Nevado Toluca

Episode 2 : Pépé, Manuel, Oliva, Téré et Edgard / Toluca – Ixtlan del Rio (600 km) 15 décembre 2017

Deux voitures et un camion plus tard me voilà bien arrivée à Ixtlan del Rio dans le département de Nayarit! Une belle journée de stop comme on les aime, pleine de rencontres : José alias pépé et toute sa petite famille en vadrouille pour aller chercher une nièce des États-Unis qu’ils n’ont jamais rencontré. Manuel, Oliva “comme celle de Popeye” et Téré, un trio de soixantenaires pleins de joie de vivre!

Et Edgard. Quand je suis montée dans son camion il y avait déjà 3 étudiants. Ils sont descendus et je me suis assise sur le siège passager face à la statue de Jésus Malverde, “le robin des bois d’Amérique Latine”, qui trône sur le tableau de bord. Quand j’ai bouclé ma ceinture orange fluo, il s’est étonné “yo nunca uso este cinturon de seguridad! Et ça m’a sauvé la vie 2 fois!” Mon regard doit refléter ma stupéfaction. Alors Edgard commence à me raconter ses histoires de route, à me parler de ses enfants qu’il ne voit pas assez, de cette opportunité d’aller vivre aux États Unis avec son ancienne fiancée qu’il n’a pas saisi, de la police qui piste les narco-traficants …. On traverse les champs d’agave, la plante utilisée pour produire la tequila et tranquillement, sans voir le temps passer, la route grimpe dans la montagne et il me dépose à Ixtlan del Rio.

Avec Pépé et sa petite famille

Episode 3 : Afredo, Marcelino / Guadalajara – Puebla (667 km) 27 décembre 2017

Ma petite famille mexicaine m’a déposée à un péage et en deux secondes j’ai fait la connaissance d’Alfredo. “Il te faut un panneau avec ta destination…. attends”. Il a posé sa pelle et son balais et à dégoté un emballage de pizza. J’ai nettoyé la grosse tâche rouge bien grasse parce que sinon, je me connais j’allais m’en foutre partout.

Une demie heure plus tard un énorme camion rouge avec deux remorques à klaxonné et s’est arrêté. J’ai hésité et j’ai grimpé. Avec le sac à dos, à chaque fois c’est toute une épreuve. Au volant, Marcelino est plutôt discret sauf quand il hurle des gros mots bien mexicains au téléphone.”on est comme des frères tu vois c’est pour ça qu’on peut se parler comme ça”. Avec l’administratrice de sa boîte il est vachement plus distingué. C’est qu’ils lui doivent de l’argent. Il enchaîne les cigarettes “parce qu’il y a beaucoup d’accidents par ici, alors le tabac ça fait fuir les mauvaises énergies”. Un accident, il en a eu un il y a quelques années. En descendant de son camion il s’est fait faucher par une voiture qui l’a traîné sur plusieurs mètres.”j’ai été mort pendant 36 heures et maintenant j’ai des plaques de fer un peu partout”, ajoute-t-il en me montrant ses cicatrices.

Pizza-pancarte.

Episode 4 : Luis, Carlos et Carlos Junior / Cascade El Chiflon – San-Christobal de las Casas (102 km) – 30 décembre 2017

Après avoir été observer la merveilleuse cascade d’El Chiflon, dans le département du Chiapas, j’ai levé mon pouce pour la quatrième fois au Mexique. En deux minutes, j’ai grimpé dans le bolide de Luis et Carlos. A l’arrière, Carlos junior, pas attaché comme d’hab’, sirote une brick de lait, la goule pleine de chocolat. Présentations habituelles, discussions classiques sur la bouffe jusqu’à ce que : “tient ça tombe bien qu’on t’ai pris en stop parce que je me demandais, tu connais le film Ratatouille? Bon la ratatouille, vous mangez vraiment ça en France ?” Et moi de détailler les ingrédients, les saveurs du sud. Ça m’a bien fait rire et ça m’a donné envie d’une ratatouille. “Surtout, tu écriras que les Mexicains sont sympa! Faut arrêter les clichés on est pas tous des narcotrafiquants! Surtout ici dans le Chiapas on est des bosseurs et on est généreux!” C’est noté! On se marre encore ! De ça, de mon prénom qu’ils n’arrivent pas à prononcer, du président mexicain “estupido” qui dit trop de bêtises et de ma façon de dire “por supuuuueeesto”. Luis, l’avocat de la famille est en instance de divorce : “aaaah! J’étais vraiment pas bien et tu m’as redonné le sourire! Ça me rappelle que la vie est belle quand même! heureusement qu’on t’as prise en stop! Merci!” De rien Luis!

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