A Cochabamba, en Bolivie, la Kasa Muyu est une maison communautaire où vivent une dizaine de jeunes voyageurs. Un lieu de rencontre et d’échange pour créer ensemble une société plus respectueuse des hommes et de l’environnement.

Ils s’appellent Paula, Camilo, Leandro, Christian, Belen ou Felipe et viennent de Bolivie, du Chili, d’Uruguay, d’Argentine, d’Italie ou du Brésil. Agés d’une trentaine d’années, ils sont les habitants, à plus ou moins long terme, de la Kasa Muyu, une grande maison communautaire orange, toute en courbes et en rondeurs, située en plein cœur de l’immense ville de Cochabamba. « Kasa avec un K, c’est comme un symbole de rébellion », explique Paula, bolivienne co-fondatrice du projet. « Et Muyu, en Quechua, la langue d’ici, c’est quelque chose de cyclique, de circulaire ». Un cercle, comme un lieu de rencontre pour échanger, mettre en pratique ses idées et créer ensemble la société de demain. « Avec une amie, nous rêvions de vivre dans une maison comme celle-ci, en communauté. L’idée était de construire un espace qui permette la rencontre de personnes à la recherche d’un autre mode de vie », me précise Paula, confortablement installée dans un fauteuil au pied de la cheminée colorée.

Créée en septembre 2014, la Kasa Muyu a vu passer un grand nombre de voyageurs du monde entier. Certains restent quelques jours, d’autres plusieurs mois, mais tous apportent leur pierre à cet édifice communautaire.

 

« Les gens arrivent ici avec des idées nouvelles, une énergie différentes et, ensemble nous construisons des projets communs » – Leandro, 25 ans, Uruguay.

 

C’est ce qui a plu à Leandro, uruguayen de 25 ans. Au départ, il est venu ici profiter de l’hébergement à bas prix pour deux jours. Finalement, il vit à la Kasa Muyu depuis plus de cinq mois. « Le lieu m’a beaucoup plu et j’ai voulu y apporter quelque chose. Nous avons construit des meubles en palette dans le jardin et aujourd’hui je produit du miel de canne et projette de développer une coopérative d’aliments », m’explique le voyageur en me montrant le lieu où il souhaite construire un atelier pour travailler le bois.

 

« C’est une expérience très riche de vivre avec des gens qui viennent de différents pays » – Felipe, 29 ans, Chili.

 

Ici, la vie quotidienne est rythmée selon certains principes fondamentaux, comme celui de participer aux tâches du quotidien comme les courses ou le jardin et surtout celui de ne pas manger de viande. « Un acte politique », selon Paula.

Quand j’ai débarqué à Cochabamba, il n’y avait malheureusement pas de place pour moi à la Kasa Muyu, celles-ci étant limitées par le manque d’eau récurant dans la ville. Mais toute la petite famille m’a reçu les bras ouverts et invitée à l’atelier de « nourriture consciente » qu’ils organisent tous les 15 jours. L’idée est simple : partager un repas réalisé à partir de produits bio, locaux et de saisons. Au menu : de délicieux sushis végétariens et un gâteau végan préparé par la pétillante Belen.

 

« Ensemble, nous construisons un monde plus sain et durable » – Belen, 26 ans, Chili.

 

Venue du Chili, cette prof de yoga s’est découvert ici une passion pour la pâtisserie. « J’ai aussi contribué à la décoration de la maison et ai beaucoup appris ici sur la vie en communauté, la patience et l’utilisation de la communication pour gérer les conflits ». Car, comme partout ailleurs, la vie n’est pas toujours rose dans la maison colorée. « Ce n’est pas toujours facile de vivre avec les gens avec lesquels tu travailles », estime Léandro, « Parfois, j’aimerais être tout seul dans ma maison et cuisiner seulement pour moi ».

La spiritualité et l’amour sont d’autres principes qui guident la vie de la petite communauté. « Ensemble, nous formons comme un nouveau modèle de famille. Les gens vont et viennent et forcément parfois les liens qui se créent sont très forts. J’ai beaucoup appris sur l’attachement », m’explique Paula.

 

« Plutôt que de lutter contre le système, nous avons décidé d’utiliser notre énergie pour résister et créer quelque chose de nouveau, ensemble » – Paula, 28 ans, Bolivie.

 

Economiquement, la Kasa Muyu fonctionne selon un principe plutôt simple. 80 % du loyer est payé par les gens qui louent une chambre pour un minimum d’un mois, 20 % par ceux qui sont de passage. « Les différents ateliers que nous organisons permettent de payer l’eau, l’électricité et internet », précise Paula. « Pour ce qui est de la nourriture, les habitants paient 40 bol (5 euros) par semaine et ceux qui viennent pour quelques jours paient 10 bolivianos (1,30 euros) par jour ».

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Un an et demi après son arrivée, Belen, venue au départ pour trois mois, s’apprête à quitter la maison ronde. « Aujourd’hui, j’ai de nouveau envie de voyager, c’est un cycle qui se termine », me confie-t-elle un peu nostalgique mais toujours souriante. Elle repart transformée et la tête pleine de nouveaux projets. « J’aimerai créer un lieu de vie en communauté qui réunisse cours de yoga, art, nourriture etc. » Comme elle, la Kasa Muyu a inspiré plein d’autres projets, Paula en est certaine et plutôt fière.

 

 

 

 

 

 

 

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